Internet foisonne de sources à propos du pervers. Surtout le narcissique et manipulateur. Ce grand ennemi.
Si tu en as croisé, tu connais sa toxicité.
Mais quid de ton pervers intérieur? De la maltraitance intime, interne? Celle que tu t’infliges à toi-même.
Elle prend un tour bien ordinaire: « je suis con! » (en te frappant le front). Je suis bête! (en riant pour s’excuser).
« Je suis nulle, j’ai encore rien compris, Tête de linotte… j’ai pas de cerveau… ».
Ou l’un des fleurons: Je sers à rien. Celui-là est l’un de mes préférés: il fait de bons esclaves.
Le pervers est d’abord en toi. C’est lui qui prépare le terrain à l’autre. Au pervers narcissique, au compagnon manipulateur, au N+1 vicieux.
Et c’est cette résonance, ces moments où tu te maltraites, qui permet à l’autre, au vrai pervers, de s’agripper à toi.
Si tu n’étais pas déjà rabaissée, à la première humiliation, tu lui dirais : « – holà, on ne me parle pas comme ça, à moi! »
Ces coups répétés à ton estime personnelle, tu te les infliges inconsciemment. Ils sont la répétition de mots, ou -pire- de regards, d’attitudes qui ont persuadé l’enfant que tu étais de sa mocheté, sa non-valeur.
Parfois c’est encore plus subtil : on te valorisait…mais seulement sur certains aspects. Au nom de certaines réussites. Alors tu t’attends toi-même au coin du bois, et tu ne baisses jamais la garde devant ce garde-chiourme interne.
Celui qui te dit vas-y, prouve, démontre, soit meilleure. Ressemble, appartiens, fais-nous honneur.
Ne nous fais pas honte.
Mémoires de l’enfance… et parfois même pas: parfois c’est épigénétique, ça vient de tes ancêtres, de ton collectif. Parfois tu portes une mémoire de l’humanité. Des échos hors espace-temps.
Alors tu as en toi ces voix contraires: celle qui chuchote comment tu n’es pas assez. La traumatisée.
Et la consciente, pas pas tant que ça, qui répète, comme un antidote : Je suis forte, je suis fun. J’ai du succès. De la chance. Je fais partie des gagnants, on envie ma vie…
Ca ne fait pas taire les voix intérieures. Elle continuent à influencer tes choix, ton rythme de vie. Tes fréquentations. Tout est fait pour demeurer en sécurité, dans la zone où tu ne fais honte à personne. Celle où tu plaît. Où tu évites le précipice (mais lequel? Quel gouffre à englouti ton ancêtre, que toute la famille cherche à éviter?)
Pendant ce temps, la véritable Toi, celle qui est puissante, légère, frondeuse, authentique t’attend. Elle est planquée tout au fond, sous les couches de conditionnements.
Elle émerge à plein d’endroits, c’est vrai. Elle pousse sous la surface. Parfois tu la laisses un peu prendre l’air. Pas trop longtemps. Faudrait pas qu’on la voit.
Tu le sens n’est-ce pas, que tu passes à coté? A coté de ta vie. De ton identité. Une identité « autre », divergente, plus fluide, plus colorée et lumineuse. Plus détendue, aussi.
Une Toi tellement, tellement moins effrayée…
A l’épisode prochain, je te parlerai de comment on sort de là.